Le Quesnoy – Derrière chaque porte, une vie. Une voix. Une histoire. Et bien souvent, des trésors d’humanité ignorés de tous… ou presque. Depuis plusieurs mois, les comédiens Cédric et Étienne, de la Compagnie Chamane, ont entrepris une aventure artistique et humaine singulière : aller à la rencontre des habitants des résidences sociales de la commune du Quesnoy, gérées par Partenord Habitat. Le fruit de cette immersion ? Un journal. Mais pas n’importe lequel : Les gens d’en face, un concentré de récits, de visages, de rires, de silences parfois, et de liens tissés là où il n’y en avait pas.
Connaître son voisin : un acte simple, mais révolutionnaire
À l’origine du projet, un constat : nous ne connaissons plus nos voisins. Ceux que l’on croise chaque jour dans l’ascenseur, ceux dont on entend la télévision à travers les murs ou les enfants courir dans le couloir. Nous partageons les murs, parfois les odeurs de cuisine… mais rarement un mot. C’est ce mur invisible que Cédric et Étienne ont voulu franchir.
« Pendant une semaine en février, nous sommes allés frapper aux portes des habitants de l’avenue Léo Lagrange », racontent-ils. « Nous avons été invités à entrer, à écouter, à rire, parfois à pleurer. En avril, dans la cour des résidences Juhel, c’est une autre magie qui s’est opérée : les gens sont venus à nous. Et peu à peu, ce qu’on pensait impossible est devenu naturel. »
Des voix, des vies, un journal
Au fil des jours et des échanges, les artistes ont recueilli des fragments de vie. Danielle, l’ancienne épicière. Michel, le postier. Annick, la concierge aux mille histoires. Germaine, 95 ans, mémoire vivante de la guerre. Henriette, dont la générosité a ému au-delà des mots. Et tant d’autres : des enfants rieurs, des femmes lumineuses, des parcours parfois cabossés mais toujours porteurs d’une dignité silencieuse.
De tout cela est né Les gens d’en face, un journal papier distribué à tous les habitants à l’occasion de la fête des voisins. On y trouve des portraits, des anecdotes, une recette de tarte au sucre (la vraie, celle de Bernadette, 92 ans), des souvenirs, des éclats de rires, et surtout, une volonté farouche de créer du lien.
Un théâtre du réel, sans scène ni projecteurs
« Nous sommes comédiens », précisent Cédric et Étienne. « Mais ce projet, c’est d’abord une aventure humaine. Nous n’avons pas joué un rôle. Nous avons écouté. Et nous avons appris. »
Loin des planches, leur théâtre s’est déplacé dans les cuisines, les salons, les cours d’immeuble. Le scénario ? Celui de la vraie vie. Leur objectif ? Réenchanter le lien social, retisser du commun. Et surtout, offrir une tribune à ceux qu’on n’entend jamais.
Une poussière dans l’œil… et dans le cœur
Quand ils racontent être allés remettre un exemplaire du journal à Germaine, chez elle, parce qu’à 95 ans elle ne sort plus les jours de vent, l’émotion est palpable : « Elle a souri, elle a feuilleté les pages, elle s’est reconnue, elle a été émue. Nous aussi. » Ce genre de moment, il y en a eu beaucoup. De ceux qui ne font pas les gros titres, mais qui changent un quartier. Un regard. Une relation.
Un projet soutenu, une envie de recommencer
Ce projet a vu le jour grâce à la confiance et l’implication de Partenord Habitat, avec le soutien de la mairie du Quesnoy. « Sans eux, rien n’aurait été possible. », reconnaissent les artistes. Et l’aventure pourrait bien ne pas s’arrêter là.
Car ce journal, ce lien, ce regard nouveau porté sur « les gens d’en face », c’est peut-être un début. Une invitation à regarder autrement. À oser la rencontre. À croire, encore, en la force des liens de voisinage. En ce qu’ils peuvent réparer. En ce qu’ils peuvent semer.
Pour feuilleter le journal, il suffit de cliquer ici !